Jean-Pierre Mourocq, acteur de l'insémination « AU SERVICE DES ÉLEVEURS ET DE LA GÉNÉTIQUE »
Éleveur laitier dans le Finistère durant quarante et un ans, Jean-Pierre Mourocq, ancien président de l'Urceo et d'Évolution, a accompagné l'évolution de la génétique dans le Grand Ouest.
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Quelle évolution ! » Ce sont les premiers mots de Jean-Pierre Mourocq quand on lui demande de retracer l'histoire de l'insémination artificielle, du CIA de Plounévézel, à la création de l'Urceo, Créavia et désormais Évolution.
PASSION. Normand d'origine, c'est en Bretagne qu'il a choisi de s'installer avec sa belle-famille. « Mon père m'a donné la passion de l'élevage des vaches et des chevaux », se souvient, reconnaissant, Jean-Pierre. L'accompagner dès l'âge de 10 ans dans les centres d'insémination a laissé des traces. C'est donc naturellement qu'il s'est investi auprès de la coopérative d'insémination artificielle de Plounévézel. Sa chance : avoir toujours veillé, avec ses associés, à prendre du temps pour se former et à se fixer des engagements équilibrés.
ADAPTATION. Tout s'est emballé en 2006 avec la loi d'orientation agricole qui a chamboulé le paysage en remettant en cause celle sur l'élevage et le monopole de l'IA. « Passé la panique, nous avons rebondi en cherchant à être plus performant. » Les objectifs : avoir une bonne génétique à un prix maîtrisé et s'ouvrir à l'international. « Partir de ma ferme pour rencontrer des clients, engager des partenariats dans une trentaine de pays a été une aventure extraordinaire. »
L'arrivée de la génomique a marqué une rupture. « Les chercheurs de l'Inra nous avaient conseillé de tuer la moitié des taureaux. Nous avons mis plus de un an pour nous y résoudre. Nous avons perdu de l'argent en poursuivant le testage. » Le travail de sélection a été complètement remis à plat et il a fallu gérer les conséquences sociales et financières d'un tel bouleversement. « En 2010, en abandonnant le sexage, nous avons fait une erreur que la filière paye encore aujourd'hui sous forme de royalties à une firme américaine. » Il en tire une leçon : « Nous avons compris que nous devions investir en recherche et développement car d'autres technologies vont apparaître ». Tout ce cheminement a abouti à la création d'Évolution au service du Grand Ouest. Demain, les enjeux vont porter sur la santé et la longévité des vaches.
RELATIONS HUMAINES. Malgré les périodes difficiles, Jean-Pierre est fier du travail accompli : « J'ai eu la chance de rencontrer des hommes et des femmes exceptionnels avec lesquels j'ai eu une relation humaine pleine de sens et qui nous a permis de nous construire. » Avant d'ajouter : « En vingt ans, nous avons réussi à remonter le niveau génétique face à nos concurrents et à figurer sur le podium ». Sur son exploitation, le niveau de production a doublé, passant de 5 000 à 10 000 kg/VL/an. Pour l'avenir, il craint les lourdeurs françaises dans l'application du nouveau règlement européen.
ISABELLE LEJAS
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